Voilà, je suis arrivé sans encombre au Lago de Atitlan, dans le village de Panajachel, après plus de 7h de trajet. Départ ce matin vers 11h du Mexique. Le passage de la frontière, à Talisman, est un peu chaotique. A peine sorti du bus plein de types m'accompagnent pour me proposer de me guider, ou me vendre des quetzal, la monnaie guatemaltèque.
Je chope les tampons pour passeport et visa, et je continue mon chemin. J'échange quelques mots avec un blanc, gringo, petit, gros, avec la raie au milieu et des ptites lunettes rondes, tout droit sorti d'un film ricain de traficants de drogue.
J'attrappe ensuite le premier bus d'une longue série, à Malacatan. Le type qui aide le chauffeur dans le bus chope mon sac et grimpe d'un bond sur le toit du bus, qui est déjà en train de rouler. Je monte en marche moi aussi. Ca se passe comme ça ici. Les bus sont super classe. C'est les même que les School Bus américains, repeints de manière très colorée, et avec des photos et des slogans de Jésus à l'intérieur.
Chicken Bus
Je change encore deux fois de camion avant d'arriver. Et à chaque fois même tableau : des types qui gueulent le nom des destinations des bus en faisant des gestes dans tous les sens, et d'autres qui chargent les sacs sur le toit. Ca a vraiment l'air d'être le bordel, mais en fait ça tourne bien. Même avec la pluie qui fait rage tout roule. Pendant un des trajets un mec est monté avec deux grands cartons remplis de poussins, ou poulets. Ca doit être de là que vient le nom de Chicken Bus.
Je descend au premier hôtel qui me tombe sous la main, trop fatigué pour chercher. Pour 25 quetzal (environ 2,5€) j'ai une chambre avec un grand lit. En fait ça ressemble plus à une cellule avec une fenêtre et une ampoule et un lit. Nada mas.
Un ptit tour en ville histoire de goûter à la Gallo, la cerveza d'ici, d'avaler une pizza et je rentre, près à m'endormir, bien mort.
-¤ Vendredi -- SAN PEDRO LA LAGUNA ¤-
Bien que plutôt tranquille, Panajachel est encore un peu trop animée pour moi. Je prend donc le bateau et je traverse le lac, pour aller à San Pedro. Petit village peinard, dans le style de Zipolite, mais au milieu des volcans.
Première nuit à San Pedro, et première soirée. Bien loco. J'ai retrouvé Noël, un brésilien qui voyage avec sa camionette à travers toute l'amérique. On rejoint tout un groupe de voyageurs, de tous les coins du monde. Une bonne bande d'allumés. On se fait la soirée dans un bar reggae, buena onda. Bonne musique, bonne ambiance. Y a même du Pastis, ça déchire. Sauf qu'à 1h du mat' y a les putains de flics qui débarquent pour faire fermer tous les bars. After à l'hostal avec tout le monde.
Le volcan San Pedro
Journée morte. La fatigue de la veille plus la pluie qui tombe sans arrêt me font rester au lit une bonne partie de la journée. Après ça je joue un peu de gratte avec Axel, un français qui est en voyage lui aussi dans toute l'Amérique Centrale, depuis plusieurs mois. Il m'apprend deux trois trucs sympas. On va ensuite tous au Buddha Bar, où il va jouer avec d'autres gars. Bien cool, encore une fois. Je parle avec plein de gens différents, en anglais, en français, en español.. Beaucoup sont en voyage à durée indeterminée. Passer du temps dans chaque endroit, chaque pays, c'est mieux pour vraiment le découvrir. Certains jouent de la zik dans les bars pour gagner de la tune, d'autres vendent des produits artisanaux, d'autres encore vendent un peu de drogue. Faut bien gagner un peu de sous pour continuer à avancer. En tout cas tout ça me donne plein d'idées... Faudrait que je motive Redi à tout plaquer avec moi, on s'achète un camion et on voyage en jouant de la musique. Pour répandre les good vibes. Vamos a ver.
-¤ Dimanche ¤-
Habia dicho que iba a escribir algo en español, para Ros, una amiga mexicana que conoci en Monterrey. Entonces lo hago aqui, para que me entiendas, chica. Pues, hoy no hice nada. Me desperté bien crudo, de tanto fumar y tomar anoche. Creo que me cai en la calle regresando al hostal, porque mis manos estaban bien sucias cuando me desperté. Luego busqué a Claudia, otra amiga de Monterrey, que llego hoy para terminar el viaje conmigo. Nada mas me faltan ocho dias antes de deber regresar a Monterrey, y tomar mi vuelo a Francia. No tengo muchas ganas de regresar, la verdad... Quiero quedarme aqui mas tiempo, y seguir por la carretera. Pero bueno, algun dia lo haré. Eso es cierto.
Por la noche fuimos a una fiesta en la casa de una chava que hacia su despedida. Bien loco, otra vez ! Esta bien peligroso este pequeño pueblo. Un dia mas y vamonos a las siguiente etapa : Antigua, para subir un volcan que todavia esta activo.
-¤ Lundi ¤-
Enfin le soleil pointe le bout de son nez à travers les nuages. On en profite direct pour aller se baigner au lac. Avec quelques gars qui sont à l'hostal aussi, on rigole, on se jette à l'eau, on joue de la guitare. La vie est bien tranquille ici. Puis on passe au marché acheter des légumes frais pour cuisiner. Juste avant qu'il se remette à pleuvoir. Le soir pas de sortie car bien crevés et demain matin on se lève tôt pour prendre la navette pour Antigua.
[Note : le “on” se réfère désormais à moi et Claudia, une amie de Monterrey qui m'a rejoint pour finir le trip. C'est ce que j'explique dans le paragraphe d'avant, en español].
Le Lago de Atitlan, vu depuis Panajachel
Arrivée à Antigua, bien plus grande que San Pedro, et bien agitée également. Surtout plus de culture apparemment. Cinés, cafés-concert, musées, etc etc. Cet aprem achat des cadeaux. Mais pas trop longtemps car ça fatigue de tout le temps marchander et de se faire acoster toutes les deux minutes. “Buen precio, buen precio, special price para ti amigo.” Parceque bien sûr, avant qu'on ouvre la bouche tout le monde nous parle en anglais. On va ensuite s'enfiler quelques bières à l'hostel, car la pluie est revenue, quelle surprise...
Antigua
Activité du jour : ascencion d'un volcan encore en activité. Départ 6h du mat', afin de le faire pendant qu'il pleut pas encore. Environ 1h et demi de marche. Au début juste sur un chemin, puis après à flanc de volcan. Paysage lunaire (j'ai jamais été mais j'imagine que ça y ressemble). On monte pas jusqu'au cratère, parceque trop dangeureux, mais on va quand même jusqu'à une coulée de lave. C'est vraiment impressionnant, de voir ces gros bouts de roches enflammés dévaler la pente, et s'arrêter à quelques dizaines de mètres de là où on est. Au point où on s'est le plus approché de la lave, les pompes commencaient à fondre. Ca fait du bruit aussi, un crépitement comme des gros pop-corn, comme si la montagne respirait. Les rochers sont aussi très coupants. J'me suis pété la gueule et ouvert un peu le poignet. On dirait que j'ai essayé de m'ouvrir les veines au rasoir. Très bonne expérience. Et dangeureusement captivante. J'avais envie de m'approcher toujours plus près de la lave, pour voir comment c'est et sentir encore plus la chaleur qui s'en dégage.
Hot !
Normalement demain on reprend la route, plein Nord, pour entamer le retour vers Monterrey...
Le volcan Pacaya
-¤ Jeudi ¤-Ca va être une dure journée. J'viens de me réveiller (ou pas), j'attend le ptit déj', au Black Cat hostel, et après je prend la navette pour Semuc Champey.
…
Enfin arrivés ! A Semuc Champey, en plein coeur de la forêt, au milieu des montagnes. Mais le voyage pour y arriver a pas été facile. Près de 8h dans un minivan pas très confortable, et avec un chauffeur complètement taré. On a failli s'emplafonner dans un camion énorme qui était en train d'en doubler un autre dans une montée. J'me suis vu la tête encastrée dans la calandre du camion. La fin du trajet se fait en pick-up, sur un chemin à travers la jungle. L'endroit est superbe. On se baigne dans la rivière qui passe en-dessous de la cabane où on est. L'eau est froide. Le retour sur les plages françaises va être très dur.
Hostal El Portal
Journée baignade, dans les piscines naturelles de Semuc Champey. Ca veut dire “rivière qui passe sous la terre” (ou un truc du style), dans le dialecte local. C'est donc un endroit où la rivière plonge sous la terre, pour quelques dizaines de mètres, pour laisser place au-dessus à une série de piscines naturelles aux couleurs turquoises.
On monte d'abord jusqu'au mirador. Montée plutôt raide à travers la jungle. Et avec un taux d'humidité impressionnant. Mais la vue vaut vraiment le coup. Après on descend se baigner, et on passe presque toute la journée là, à passer d'une piscine à l'autre.
Semuc Champey
L'hostal où on est (El Portal) est pas mal, tranquille et bien placé, mais on a un peu l'impression d'être à l'école : diner à heure fixe (19h30!), et lumière seulement de 18 à 22h. Bon, c'est pour des raisons écologiques, donc ça va, mais ça fait des courtes soirées quand même. Parceque quand y a plus de lumière à 22h et qu'on peut pas faire de feu à cause de la pluie, ben on n'a plus qu'à aller se coucher.
Mariposa
Journée pénible : 11h de trajet pour rallier la frontière mexicaine, qu'on a même pas eu le temps de traverser.
Tout d'abord, 30 min de pick-up sur le même chemin défoncé qu'à aller. Ensuite direction Flores, au Nord du pays, avec un shuttle : c'est un système de minibus faits exprès pour les touristes et qui joignent les principaux points touristiques du pays. C'est sûr que ça va plus vite que les chicken bus locaux, mais ça coûte beaucoup plus cher et c'est pas forcément plus confortable. En plus de ça on a eu des emmerdes sur la route : un autre minibus en panne qu'il a fallu tracter, des gens qu'on a dû chercher dans toute la ville, un sac qui est tombé du toit... Et le tout avec une chaleur pas possible. Parceque bien évidemment, le jour où on voyage, il pleut pas...
On descend en cours de route de ce minibus pour choper un bus local qui nous emmène plein Ouest, à la ville-frontière de Bethel. Là, trop crevés, on vient de trouver un hotel et de manger un morceau vite fait. Le ventilo de la piaule tourne à fond. Je fini ma Corona bien fraîche puis je m'endors.
Demain on traverse la rivière et on est de retour au Mexique.
De l'autre côté du fleuve, Mexico
Dimanche matin, 6h30 : les coqs c'est vraiment de la meeeeeerde.
Passage de la frontière Guatemala-Mexico : comme dans un film d'aventures. Un type de l'hotel nous emmène sur sa longue barque à moteur. Dans la jungle à gauche, des singes qui hurlent dans les arbres. Sur la rive droite, côté Guatemala, un crocodile qui se fait chauffer les ecailles au soleil. Et entre les deux, un fleuve marron-vert, plein de courants et de tourbillons.
Environ 20 min ainsi à descendre le Rio Usumacinta, puis on débarque à Frontera Corrozal, côté mexicain. Passage au bureau d'immigration pour choper les tampons nécessaires, puis on prend le minibus pour Palenque. On peut pas faire la visite du site Maya de Yaxchilan car on n'a plus une tune. La prochaine fois.
Et là je suis de retour à El Panchan, dans la jungle tout près de Palenque, là où j'étais venu déjà en janvier avec Nath. Petite impression de déjà vu. Mais c'est cool. En tout cas c'est mieux qu'une nuit de plus à Monterrey. Demain soir départ pour Mexico City.
-¤ Lundi ¤-
Rapide visite des ruines de Palenque, malgrè la chaleur et l'humidité etouffantes. Ma chemisette est trempée de sueur. Et vu qu'on va passer les deux prochaines nuits dans les bus, ça promet (car bien sûr c'est ma dernière chemise propre).
Je hais les fins de voyage. En plus de la fatigue, on passe toujours son temps à attendre. Et puis qui dit fin de voyage dit retour à la maison. Et ça ça fout un peu les boules. Ca fait maintenant 6 semaines que j'suis sur les routes. C'est le plus long voyage en sac-à-dos que j'ai jamais fait. C'était vraiment top, mais je trouve ça encore trop court... Je dois avoir 500 ou 600 photos, quelques dizaines de pages de carnet de voyage, et des tonnes de souvenirs en tête (dont tous ceux que je ne peux pas relater ici). Malgrè le blues de la fin de trip, je repense à tout ce que j'ai vu pendant un mois et demi et à travers deux pays différents, et ça me redonne le sourire.
Je repasserai au Guatemala, c'est sûr. J'y ai pas passé assez de temps. Et je ferai bientôt un vrai grand voyage, qui se comptera en mois, voire en années...
Je crois bien que c'est la dernière fois que j'écris dans ce carnet. Car c'est non seulement la fin de ce voyage, mais également la fin de mon année au Mexique. J'en ai rêvé longtemps de cette année loin de la France, et bien ça y est, mon rêve est réalisé. Et réalisé à fond en plus, on peut pas dire j'ai pas profité.
Les trois prochains jours vont se passer dans les transports, et jeudi je monte dans l'avion...
J'espère que la lecture de ce blog/carnet de voyage vous aura plût et vous aura permis de voyager un peu à mes côtés.
Une dernière chose encore : s'il vous plaît ne m'offrez pas de cravate à noël, car je ne la mettrai pas...
FIN
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