Encore un week-end épique vient de s'achever, ici au Mexique. Je suis allé à Real de Catorce, un petit village perdu dans la montagne, dans l'état de San Luis Potosi. Cette fois-ci on a fait les choses en grand : 10 personnes, 2 voitures, 2 pannes, 1 seule chambre, 5h de cheval, 700 km de route, X bouchées de peyotes, 2 jours de pure aventure... On the road again.
L'histoire commence samedi matin. Rendez-vous 4h30 pour tout le monde à la résidence pour le départ. Le groupe est complet à 5h, c'est pas mal après une courte nuit. C'est parti. Premier incident après environ 2 heures de route : un pneu éclate. A 120 à l'heure, la voiture chasse pas mal, on s'arrête direct sur le côté. Sans perdre de temps, on sort le crik, tout en admirant le lever du soleil dans la brume matinale. On est déjà assez haut en altitude, ça caille. Bon, ça y est, la voiture est levée, elle est où la croix ? Y en a pas, dans aucune des deux voitures de location. Gros coup de bol, on est arrêté juste devant une petite ferme, où on nous prête une croix pour démonter notre roue. Une petite cannette de Red Bull et on reprend la route. Le reste du trajet se déroule sans autre surprise, on prend notre temps, et vers 10h du mat on aborde la montée au village.
Ce week-end c'est la fête à Real de Catorce ; des milliers de pélerins viennent célébrer Saint-François d'Assise. L'accès au pueblo est interdit aux voitures. On laisse les bagnoles en contrebas, et on continue la montée dans un pick-up, parqués comme du bétail. La dernière partie du trajet consiste à traverser la montagne derrière laquelle est niché le village. Unique voie d'accès, un tunnel à peine éclairé d'environ 2-3km. De nombreuses carrioles tirées par des mules attendent les visiteurs pour leur faire traverser le tunnel. Avant de partir on nous a conseillé de trouver El Candelario, un vieux de la vieille qui peut nous faire découvrir le coin. Nouveau coup de bol, le gamin qui conduit la carriole est son petit-fils. Une fois arrivés au village, direction l'hôtel pour lâcher les affaires. Y a tellement de monde qu'on se retrouve avec une seule chambre au lieu de deux. C'est pas grave, on va se serrer. L'hôtel est génial, la vue superbe, le gérant un mec louche aux cheveux longs.
Après avoir englouti un poulet à peine cuit, on trouve El Candelario, qui doit nous emmener à cheval dans le désert, pour nous faire gouter aux 'peyotes'. Finalement, une partie du groupe y va en cheval, et l'autre en voiture. Je prend le volant à l'aller, car les américains ne savent pas conduire avec une boîte manuelle. Pendant que les autres traversent la montagne à cheval, nous on la contourne par la route. On se retrouve tous pour partir dans le désert, guidés par El Candelario et deux potes à lui. Commence alors la recherche des peyotes. Le
Peyote, ou
Peyotl, est un petit cactus sans épines qui pousse au raz du sol dans les régions arides du Mexique et du sud des Etats-unis. Il contient, entre autres, de la mescaline, substance psychotrope hallucinogène. Le Peyotl est utilisé depuis des siècles par les chamans lors des cérémonies religieuses, dans les tribus
Huicholes. Il est aussi utilisé pour ses vertus thérapeutiques. On m'a souvent dit que toutes les expériences étaient bonnes à prendre, j'ai donc décidé de prendre celle-ci également.
Un peyote
"Mais qu'est-ce-que je fous sur ce bidet ?"
Une fois les peyotes trouvés, tout le monde se regroupe sur le chemin de cailloux qui traverse le désert, pour consommer les peyotes, accompagnés de jus de fruit, car leur goût amer est vraiment ignoble. Les effets apparaissent normalement au bout de 15 à 20 min. Après ça, le jour commence à tomber, il faut rentrer. J'échange ma place dans la voiture contre une place sur une selle. Oui oui, vous avez bien lu, j'ai fait du bidet ! Commence donc l'ascencion pour rentrer au village, situé en haut de la montagne. Après environ une heure de montée, les effets du peyotl commencent à se faire ressentir pour la plupart d'entre nous. L'obscurité aidant, l'imagination est très productive. Certains voient des petits bonhommes verts, d'autres des indiens, d'autres des animaux. L'impression générale est une sensation de bien être. Le voyage se passe plutôt bien, sous la nuit étoilée, avec la lune pour seule lanterne, au beau milieu de la montagne mexicaine ; c'est génial. Après 3h de montée, nous voilà enfin arrivés au village. Le groupe entier se retrouve à l'hôtel, pour passer tranquillement la soirée dans la chambre. Presque tout le monde a mal au cul et au dos à cause du cheval. On se couche ensuite comme on peut, répartis à 10 dans 3 lits. Avant de me coucher, je discute pas mal avec le frère du gérant, qui tient un ranch perdu dans la montagne, et dont le métier est dresseur de chevaux. Le gars est super sympa, et complètement déconnecté de tout système. Il vit peinard dans sa montagne...
Le patio de l'hôtel
Après une nuit froide et pas très reposante, c'est reparti pour monter à bidet. Une des attractions principales de Real de Catorce est la visite du
pueblo fantasma, le village fantôme. On retrouve le même guide que la veille, qui fournit des chevaux pour tout le monde. Il nous emmène ensuite sur les hauteurs du village, pour visiter les ruines du pueblo fantasma. Le paysage est superbe, il fait beau et chaud, tout le monde est content, malgrè la fatigue.
Au réveil, mer de nuages sur la vallée
El pueblo fantasma
C'est maintenant l'heure de reprendre la route, pour pouvoir rendre les voitures à temps à Monterrey. On repasse le tunnel avec les mules, un coup de pick-up et nous voilà aux voitures. Un coup de clef et ça démarre. Non, ça démarre pas : la Dodge a gardé ses phares allumés tout le week-end, la batterie est à plat. Bien évidemment, y a pas de câbles dans les bagnoles, il faut demander à des mexicains qui nous filent un coup de main pour démarrer. On redescend la longue route pavée, pour ensuite filer plein nord sur une belle route bien large, avec les Beatles à fond la caisse.
En résumé, un week-end inoubliable, et une expérience très intéressante avec les peyotes. Juste quelques soucis d'organisation à certains moments, car un groupe de 10 personnes c'est pas facile à gérer, mais rien de méchant. J'ai pas eu l'impression de faire le touriste, et ça c'est plutôt cool.
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